Michel Lamy

Tué au combat
le 20 août 1918
 Centenaire 
Portrait du Capitaine Lamy

 

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Les trois enfants

de Louise et Michel


La famille Lamy en 1913

Comme on le voit ci-contre, Louise et Michel purent avoir trois enfants avant la Grande Guerre :

 
  • Michel, né le 16 avril 1909 à Montjean (53).
    Il sera professeur, puis deviendra proviseur du lycée de Dax. Avec sa femme Henriette Ceugniez, il aura trois enfants : Michel, Françoise et Nicole.
  • Georges, né le 28 mars 1912 à Saint-Mars-sur-la-Futaie.
    Marié à Colette Pinson, il deviendra médecin à Saint-Jean-d’Assé et au Mans. Ils auront un fils : Jacques.
  • Renée, née le 24 juin 1913 à Saint-Mars-sur-la-Futaie.
    Elle se mariera à Henri Chevreul. Ils auront deux enfants : Michel et Christiane (Jouet).

 

La guerre avait-elle déjà commencé ? Cela expliquerait l’absence de Michel, qui serait déjà mobilisé. Mais la petite Renée, venue au monde le 24 juin 1913, a-t-elle ici entre 13 et 14  mois… ? À vous d’en juger.
 
  • Debout : Louise Guillé.
  • Née en 1848, mère de Jeanne [Bienvenu] et de Louise [Lamy], elle mourra en 1928.
    Son mari, Jean-Baptiste Guillé (1846-1910) était déjà décédé. Lui aussi portait le même prénom que son père.
  • Assise : Louise Lamy, fille cadette de Louise Guillé, femme de Michel Lamy.
  • Les enfants de Louise et de Michel :
  • (de g. à dr.) Renée sur les genoux de Louise, Georges et Michel.

     

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    • Michel  [Louis Jean] Lami, né le 16 avril 1909 à Montjean (53).

    Extraits du mémorandum de Michel Lami :

    « En 1909, je suis né à Montjean. Très vite, je fus mis en nourrice. Non pas que ma mère qui n’avait guère d’élèves (la loi de séparation de l’Église et de l’État est de 1905 et en Mayenne en particulier, les écoles "libres", surtout pour les filles, s’étaient multipliées et avaient vidé les écoles laïques) n’ait pas eu la possibilité de me garder près d’elle, mais c’était l’habitude de toute famille un peu bourgeoise d’envoyer les enfants en nourrice. C’est ainsi que j’habitais, pour la première fois, à Placé, dans une petite ferme voisine de celle de mes grands-parents paternels : "La Grippe" (où devaient s’installer peu après Pascal et Eugénie Quinton).

    […] Mon père, avant la guerre, avait toujours fait beaucoup d’éloges sur son ancien instituteur de Placé, Monsieur Cornu. Toujours fidèle au souvenir de son mari, ma mère crut bon, dès 1918, de m’envoyer près de lui qui exerçait encore. Ce ne fut pas une réussite complète car l’instituteur avait pris de l’âge, était souvent malade ou fatigué et ne quittait pas toujours sa chambre pour venir faire sa classe. Celle-ci fonctionnait cependant, tant bien que mal. Je logeais alors à La Grippe où, bébé, j’avais été en nourrice et où, pour cinquante centimes par jour, ma tante Eugénie avait accepté de me recevoir.

    Il y avait, heureusement, à proximité, à La Landelle, mes grands-parents. Le grand-père, atteint de la cataracte, était devenu complètement aveugle. Il aimait que je lui lise, chaque fin de semaine, les articles du "Mayenne Journal". Ma mère venait aussi, dès qu’elle le pouvait, à bicyclette, me voir depuis Saint-Mars.

    Entre temps, elle surveillait attentivement mon travail scolaire et m’envoyait, chaque semaine, problèmes et exercices de grammaire à lui retourner régulièrement. Ce travail me fut certainement plus profitable que les leçons du "père Cornu". Enfin il y avait l’oncle Pascal Quinton, brave homme au fond, que j’accompagnais le plus souvent possible aux champs ou en forêt. De cette époque date ce goût que j’ai toujours eu pour la vie au grand air : goût que je n’ai pu satisfaire complètement que beaucoup plus tard, quand la retraite me l’a permis. À la rentrée de 1920, à 11 ans, j’entrais en sixième au Lycée de Laval. Non boursier d’ailleurs car le "père Cornu" n’avait pas voulu, en me présentant au concours, essuyer, disait-il, le premier échec d’un de ses élèves à un examen. Ce fut donc le Lycée qui, l’année suivante, prit ce risque et je fus boursier pupille de la Nation, à part entière, à partir de la cinquième. »

    […] « Au Lycée de Laval, je fus un bon élève, ambitieux et travailleur, plus doué, sans que, pendant longtemps, j’en ai eu vraiment conscience, pour les Lettres que pour les Mathématiques. Mon désir aurait été d’entrer à l’Institut Agronomique mais je n’ai pas osé tenter la préparation du concours d’entrée et, après avoir passé le Baccalauréat de Philosophie, je suis allé à Rennes préparer la licence d’Histoire et Géographie puis le diplôme d’Études Supérieures de Géographie. Je donne alors, pour arrondir ma bourse d’étudiant, quelques cours à l’École de Rééducation des Mutilés de la Guerre 14-18. Expérience pédagogique curieuse car, à certains de mes "élèves", tous beaucoup plus âgés que moi, j’apprenais à lire et à écrire et j’en préparais d’autres au concours de recrutement des percepteurs.

    En 1931, à 22 ans, j’entre dans l’Éducation Nationale : d’abord à l’École pratique de Brest, puis au Lycée de Rennes. L’année suivante, je pars au Service Militaire et, après mon passage à l’École de Saint-Maixent, je suis affecté à Orléans comme officier de réserve. À mon retour à la vie civile, en 1933, le recrutement des professeurs est pratiquement arrêté et pendant trois ans je n’obtiendrai que des postes de répétiteur 1er ordre, d’abord au Lycée de Brest, ensuite au Lycée Condorcet à Paris. En 1936, avec l’arrivée au pouvoir du Front Populaire, le recrutement reprend et je suis nommé professeur au petit collège de Saint-Amand-Mont-Rond, dans le Cher : collège remarquablement dirigé par M. Galas qui, depuis, et resté mon meilleur ami. L’année suivante, en 1937, est nommée également à Saint-Amand (mais à l’École Primaire Supérieure), Mlle Henriette Ceugniez, brillante étudiante reçue au concours de recrutement des professeurs d’École Normale et pour qui le passage dans cette petite ville ne pouvait être qu’une courte étape avant la "montée" à Paris. En fait, elle devait y rester 14 ans car nous décidons très vite de nous marier (1938). Nous quittons nos petites chambres meublées et nous nous installons dans un bel appartement, en bordure du parc de Montrond. Une naissance est attendue mais la mobilisation de septembre 1939 devance l’événement et c’est sur la ligne Maginot, par une froide journée de novembre, que j’apprends la naissance de notre premier enfant : Michel.

    Quelques mois plus tard, je viens en permission et une deuxième naissance se prépare, mais pour celle-là non plus je ne serai pas à Saint-Amand car je suis fait prisonnier en juin et gardé pendant quelques mois au Camp de Mailly. Courageusement, Henriette, attendant son deuxième enfant et portant le premier dans ses bras, vient m’y rejoindre et m’apporter un peu de ravitaillement (en le jetant par-dessus la clôture). Elle me conseille de m’évader en profitant de la présence de notre voiture à proximité. Je ne le crois pas utile puisque les Allemands vont libérer, croyons-nous, tous les prisonniers dans les prochaines semaines. Quelle illusion !

    En septembre, c’est le départ pour l’Allemagne, au camp d’Osterode, dans le Harz et c’est là qu’en janvier m’arrive la nouvelle de la naissance de notre petite fille Françoise, naissance qui remontait au 11 novembre précédent. Les années passent. Pendant que je me morfonds dans mes différents camps : Hoyerswerda, Colditz, etc., Henriette, à Saint-Amand, mène de front son métier de professeur, l’éducation de ses tout jeunes enfants, les courses dans la campagne pour le ravitaillement de la maison et celui de son mari (à ce sujet, je dois remercier très vivement ma sœur et mon frère qui, de la Mayenne et de la Sarthe, m’ont envoyé de très beaux colis. Même l’oncle Bienvenu m’en a envoyé un de Nouvelle-Zélande).

    Enfin, la libération arrive (avril, mai 1945). Le 15 mai, la famille est regroupée à Saint-Amand. »

     
    On l’a remarqué : Michel passe très vite sur sa détention en Allemagne. « Pendant que je me morfonds… », c’est tout. Il n’avait pourtant pas à rougir de la situation qui lui était imposée : il était prisonnier de guerre, malgré lui, du fait des circonstances. Il devait pourtant bien savoir que ses lecteurs auraient aimé être éclairés sur la vie quotidienne, cinq années durant, dans les Oflags, d’autant plus que Hoyerswerda et Colditz étaient, en l’espèce, tout à fait exceptionnels. Il n’a pas gardé un silence absolu sur cette parenthèse qui a entaillé sa jeunesse de 29 à 34 ans : il s’en est quelque peu ouvert à sa femme Henriette et à son entourage, puis à ses enfants lorsqu’ils eurent l’âge de l’entendre. Mais à part cette note laconique, par écrit, rien. Le choix de ce silence lui appartenait, et nul n’est fondé à lui en faire reproche, d’autant plus qu’une raison très personnelle devait rendre sa blessure plus indicible qu’à d’autres. En effet, alors que son père avait choisi d’être un valeureux combattant, au point d’être tué à l’ennemi, Michel avait dû rester se morfondre, impuissant et rageur, derrière des barbelés. Ces deux images devaient s’entrechoquer en lui. D’où : laisser la souffrance enfouie dans la fosse du silence.
    On a vu trois noms d’Oflags apparaître : Osterode, Hoyerswerda, Colditz. Comme ces lieux et leur destination n’évoquent probablement plus rien à beaucoup, surtout aux générations plus jeunes, il semble opportun d’ajouter quelques indications.
    Pour en savoir plus
    Dans son malheur, Michel a bénéficié, si l’on peut dire, d’une certaine chance car, en tant que sous-lieutenant, il a été soumis à un traitement d’officier, ce qui lui valut de se retrouver dans des Oflags où les conventions de Genève de 1907 et de 1929 étaient relativement respectées. Comme il était affecté à la région militaire de Dresde, que le camp d’Osterode fut fermé en septembre 1941, que celui de Lückenwalde était réservé aux polonais et celui de Königstein aux généraux, il n’a pu être, après Osterode au début, qu’à Colditz (sans doute à la fin) et à Hoyerswerda le plus longtemps. Ce dernier, l’Oflag IV-D était exceptionnel à maints égards. On n’a jamais vu une telle concentration de brillants esprits en tous genres. Ils trompaient leurs insomnies et comblaient la vacuité de leurs jours à deviser, écrire, monter des pièces de théâtre, offrir des conférences régulières sur tous les sujets.
    Un exemple ? Michel a confié qu’il avait été particulièrement impressionné de voir Jean Guitton composer avec beaucoup de concentration, dans ces conditions incommodes, des pages et des pages de philosophie, sans qu’il dispose du moindre ouvrage à consulter. C’étaient ses conférences (il en aurait prononcé 647 !), son journal de captivité (Pages brûlées. Journal de captivité 1942-1943) et des textes destinés à ses futurs ouvrages.

    À la libération des camps, le retour tant espéré pendant cinq interminables années tourna à l’horreur pour un grand nombre de détenus de Hoyerswerda. Les plus valides durent marcher entre 150 et 170 kilomètres dans les pires conditions pour rejoindre Colditz, les autres étant abandonnés à leur sort – qu’on imagine, même si la Croix-Rouge n’a pas été inactive –. Pendant les bombardements de Dresde, leurs colonnes ont souvent été prises pour cible par l’aviation des libérateurs qui ignoraient sur qui ils tiraient. Michel a-t-il compté parmi ces malheureux marcheurs ? Comment est-il parvenu à déjouer les pièges qui ont conduit certains dans l’autre enfer, stalinien ? Nous l’ignorons.
    Nous avons ouvert une parenthèse dans le texte de Michel au moment où il écrivait : « Le 15 mai [1945], la famille est regroupée à Saint-Amand. » Retrouvons le fil de son récit, maintenant plus souriant :

    « Une nouvelle naissance s’annonce : ce sera celle de Nicole, née le 23 février 1946. À la rentrée d’octobre précédent, j’avais repris mon service au Collège, toujours avec M. Galas. Très encouragé par lui, je pose ma candidature à un poste de Directeur. Elle est retenue six ans plus tard, en 1951. J’avais alors 42 ans. Je refuse un premier poste qui m’est proposé en Vendée, ne voulant pas me retrouver mêlé aux luttes cléricales et anticléricales violentes dans ce département. J’accepte par contre le deuxième poste qu’on me propose, à Poligny dans le Jura. Henriette y obtient, non sans mal, un poste à l’École Nationale Professionnelle voisine du collège et nous restons 14 ans dans cette petite ville. Les enfants grandissent. Intelligents et studieux, ils franchissent brillamment les étapes du Baccalauréat. Michel entre à Besançon dans les classes préparatoires aux Grandes Écoles et intègre à l’Institut Électronique de Grenoble. Françoise, en quelques années, entre à H.E.C.J.F., passe la licence en droit, obtient le diplôme de Sciences Politiques et fait un stage d’un an aux États-Unis, près du lac Michigan.

    Nicole prépare à Besançon, dans la classe préparatoire à Fontenay, la licence d’Allemand puis obtient le C.A.P.E.S. d’Allemand. Pendant toute cette période, nous utilisions au mieux les quelques semaines de vacances que je pouvais m’accorder et c’est ainsi qu’un jour de juillet 1956 nous décidons de camper à Vieux-Boucau, sur la côte des Landes. Le pays nous plaît et nous y revenons ensuite chaque année.

    Un terrain est acheté à Soustons, à 8 km de Vieux-Boucau et nous y faisons construire la maison qui, plus tard, deviendra notre maison de retraite. Il ne restait plus qu’à obtenir notre mutation du Jura dans les Landes et, en 1965, je fus nommé Proviseur du Lycée de Borda à Dax et Henriette, professeur dans le même établissement, au moins jusqu’en 1970. À cette date, profitant d’un regroupement des cycles, elle demanda à enseigner dans le C.E.S. voisin du Lycée pour être sûre d’avoir dans son service au moins une classe de sixième. Elle put alors y déployer ses magnifiques dons de grand-mère, à la fois douce et ferme, adorée et respectée par les enfants.

    C’est évidemment avec ses propres petits-enfants qu’elle avait pu faire ses preuves car mes enfants, leur situation professionnelle bien assise, s’étaient mariés relativement jeunes.

    […] Et pendant ce temps, pour nous, les parents, l’heure de la retraite a sonné.

    Je l’ai prise, le premier, en 1972. Depuis 1968, je m’adaptais mal au nouvel esprit qui régnait dans les établissements scolaires. Il nous fallut alors quitter le bel appartement dont nous disposions au Lycée de Borda et nous installer complètement dans notre maison de Soustons. »

    Henriette, pendant deux ans, continua à enseigner au C.E.S. de Dax, empruntant le plus souvent le car régulier Soustons-Dax. Ce ne fut pas sans regret qu’elle accepta en 1974 de prendre sa retraite à son tour, mais elle se sentait trop fatiguée pour continuer. Pendant trois années, nous avons mené une vie agréable de retraités : moi dans mes jardins, celui de Soustons et celui de Saubion où, en 1972, nous avions acquis une petite propriété : les Corts ; Henriette, dans sa maison et, le plus souvent possible, auprès de ses enfants et petits-enfants.

    Pourtant, à partir du début de l’automne 1977, elle ne se sentit plus la force de voyager et le 16 décembre 1977, brusquement, elle nous a quittés. »

     

     

    • Georges  [Jean] Lami, né le 28 mars 1912 à Saint-Mars-sur-la-Futaie.
    Il fit ses études primaires à Bierné avec un instituteur âgé qui prit bientôt sa retraite dans la maison que Louise a achetée par la suite. Les courriers nous apprennent qu’il a souvent été malade pendant la Grande Guerre et qu’il a beaucoup souffert de maladies de peau dues à la vermine dont on ne parvenait pas à le débarrasser. Nul ne peut dire si cela l’a prédisposé à devenir médecin, mais il en eut la vocation.
    Il « entre, comme boursier, en sixième au lycée de Laval et obtient, sans difficulté, le Baccalauréat », précise son frère Michel, qui ajoute :
    « Il commence ensuite ses études de médecine à Rennes. Au bout de quelques années, il demande et obtient des postes d’externe, puis d’interne. Ses stages les plus longs ont eu lieu à l’hôpital d’Amélie-les-Bains et à l’hôpital psychiatrique du Mans. C’est dans cette dernière ville qu’il connaît celle qui devait devenir sa femme : Colette Pinson. Titulaire du doctorat, il s’installe en médecine générale à Saint-Jean-d’Assé à une quinzaine de kilomètres [au nord] du Mans (après un court séjour dans le sud de la Mayenne). Au cabinet de médecin est jointe une propharmacie, ce qui donne une situation à sa femme. C’est à Saint-Jean que la mobilisation l’appelle en 1939. Fait prisonnier en 1940, il est, comme médecin, assez rapidement libéré et rejoint sa femme et son fils Jacques, né en juin précédent. Après une dizaine d’années (ou une quinzaine) il obtient le diplôme de médecin du travail et entre, en cette qualité, aux usines Renault du Mans. Il habite alors une belle propriété sur les bords de l’Huisne. En 1973, il prend sa retraite et quite Le Mans. Il a fait construire deux maisons : l’une, dans la Sarthe, près de Saint-Jean-d’Assé, l’autre à Bormes-les-Mimosas, dans le Var, au bord de la Méditerranée et il partage ses loisirs entre ses deux résidences. »
    Notons pour l’amusement que le village de Saint-Jean-d’Assé avait vu naître jadis, en 1594, un prestigieux médecin en la personne de Marin Cureau de La Chambre, choisi par Louis xiv, qui l’estimait au point de le considérer comme un "oracle". Le nouveau médecin n’a pas succédé à n’importe qui !
    Georges a su se montrer fort obligeant. Un exemple : pendant la Seconde guerre, il fallait trouver du lait en poudre, notamment pour les petits (c’était le fameux “Dryco”, dont tous les anciens se souviennent). Le docteur en fit son affaire. Il a réussi bien des fois à en fournir à ma mère pour son septième enfant, mon frère Alain, né en 1942.
    Il a entrepris des voyages dans des pays qui nous paraissaient lointains à l’époque, tractant péniblement sa chère caravane, par exemple, sur les très mauvaises chaussées de la Côte adriatique. S’il aimait l’aventure touristique, il appréciait aussi de passer tranquillement au moins une partie de ses vacances d’été à Daon – fixant sa caravane au camping et prenant son bateau pneumatique pour pêcher sur la Mayenne. De là, il pouvait "monter au château" pour rendre visite à mon père Jean, son cousin, lorsqu’il prenait des congés, et faire des sauts à Bierné, qui n’est qu’à 12 km de Daon. Il y retrouvait la famille de sa sœur Renée et sa mère Louise.

    Georges a laissé le souvenir d’un homme qui s’est rendu la vie agréable, conforme à ses désirs.

     

     

    • Renée  [Jeanne Louise] Lami, née le 24 juin 1913 à Saint-Mars-sur-la-Futaie (53).

    Renée Chevreul
    au mariage d’Edouard et Marie-Josèphe Reillon.

    Elle suivit les cours de l’École des filles de Bierné, ayant sa mère pour institutrice. Elle entra en 1924 à l’École Primaire Supérieure de Mayenne. Sa tante Léonie Quinton vivant dans cette ville, elle pouvait lui rendre visite le dimanche. Puis, écrit Michel, « après son retour de l’École Primaire Supérieure, elle a travaillé quelques temps à la poste de Bierné puis s’est mariée, jeune, avec Henri Chevreul, propriétaire avec sa mère, à Bierné, d’un hôtel réputé dans la région [« la Boule d’Or »]. Elle est devenue, sans y avoir jamais été préparée, une cuisinière de talent. »
    Henri et Renée Chevreul à leur mariage.
    Aux yeux de tous, elle était "la patronne" de l’hôtel. Elle ne mesurait pas le labeur qu’elle y consacrait. Qui a goûté à sa table en gardait un inoubliable souvenir. Ah, ses conserves "maison" de haricots verts, par exemple…

    Michel poursuit : « Deux enfants sont nés : Michel en 1934, Christiane en 1939. La maladie a malheureusement empêché ma sœur de rester dans son hôtel aussi longtemps qu’elle l’aurait certainement souhaité. Elle a donc pris sa retraite prématurément pendant que son mari continuait à gérer un portefeuille d’assurances et surtout à faire valoir ses propriétés où il faisait de l’élevage et plus précisément de l’embouche. »

    Ainsi, Renée vécut à quelques pas de chez sa mère qui, retraitée, s’est beaucoup occupée des deux petits-enfants. Renée souffrait cruellement de la maladie de Parkinson, dont on savait beaucoup moins retarder et soigner les symptômes à l’époque que maintenant. La fin de sa vie en fut très assombrie.

     

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