Comme on le voit ci-contre, Louise et Michel purent avoir trois enfants avant la Grande Guerre :
Michel, né le 16 avril 1909 à Montjean (53).
Il sera professeur, puis deviendra proviseur du lycée de Dax. Avec sa femme Henriette Ceugniez, il aura trois enfants : Michel, Françoise et Nicole.
Georges, né le 28 mars 1912 à Saint-Mars-sur-la-Futaie.
Marié à Colette Pinson, il deviendra médecin à Saint-Jean-d’Assé et au Mans. Ils auront un fils : Jacques.
Renée, née le 24 juin 1913 à Saint-Mars-sur-la-Futaie.
Elle se mariera à Henri Chevreul. Ils auront deux enfants : Michel et Christiane (Jouet).
La guerre avait-elle déjà commencé ? Cela expliquerait l’absence de Michel, qui serait déjà mobilisé. Mais la petite Renée, venue au monde le 24 juin 1913, a-t-elle ici entre 13 et 14 mois… ? À vous d’en juger.
Debout : Louise Guillé.
Née en 1848, mère de Jeanne [Bienvenu] et de Louise [Lamy], elle mourra en 1928.
Son mari, Jean-Baptiste Guillé (1846-1910) était déjà décédé. Lui aussi portait le même prénom que son père.
Assise : Louise Lamy, fille cadette de Louise Guillé, femme de Michel Lamy.
Les enfants de Louise et de Michel :
(de g. à dr.) Renée sur les genoux de Louise, Georges et Michel.
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Michel [Louis Jean] Lami, né le 16 avril 1909 à Montjean (53).
Extraits du mémorandum de Michel Lami :
« En 1909, je suis né à Montjean. Très vite, je fus mis en nourrice. Non pas que ma mère qui n’avait guère d’élèves (la loi de séparation de l’Église et de l’État est de 1905 et en Mayenne en particulier, les écoles "libres", surtout pour les filles, s’étaient multipliées et avaient vidé les écoles laïques) n’ait pas eu la possibilité de me garder près d’elle, mais c’était l’habitude de toute famille un peu bourgeoise d’envoyer les enfants en nourrice. C’est ainsi que j’habitais, pour la première fois, à Placé, dans une petite ferme voisine de celle de mes grands-parents paternels : "La Grippe" (où devaient s’installer peu après Pascal et Eugénie Quinton).
[…] Mon père, avant la guerre, avait toujours fait beaucoup d’éloges sur son ancien instituteur de Placé, Monsieur Cornu. Toujours fidèle au souvenir de son mari, ma mère crut bon, dès 1918, de m’envoyer près de lui qui exerçait encore. Ce ne fut pas une réussite complète car l’instituteur avait pris de l’âge, était souvent malade ou fatigué et ne quittait pas toujours sa chambre pour venir faire sa classe. Celle-ci fonctionnait cependant, tant bien que mal. Je logeais alors à La Grippe où, bébé, j’avais été en nourrice et où, pour cinquante centimes par jour, ma tante Eugénie avait accepté de me recevoir.
Il y avait, heureusement, à proximité, à La Landelle, mes grands-parents. Le grand-père, atteint de la cataracte, était devenu complètement aveugle. Il aimait que je lui lise, chaque fin de semaine, les articles du "Mayenne Journal". Ma mère venait aussi, dès qu’elle le pouvait, à bicyclette, me voir depuis Saint-Mars.
Entre temps, elle surveillait attentivement mon travail scolaire et m’envoyait, chaque semaine, problèmes et exercices de grammaire à lui retourner régulièrement. Ce travail me fut certainement plus profitable que les leçons du "père Cornu". Enfin il y avait l’oncle Pascal Quinton, brave homme au fond, que j’accompagnais le plus souvent possible aux champs ou en forêt. De cette époque date ce goût que j’ai toujours eu pour la vie au grand air : goût que je n’ai pu satisfaire complètement que beaucoup plus tard, quand la retraite me l’a permis. À la rentrée de 1920, à 11 ans, j’entrais en sixième au Lycée de Laval. Non boursier d’ailleurs car le "père Cornu" n’avait pas voulu, en me présentant au concours, essuyer, disait-il, le premier échec d’un de ses élèves à un examen. Ce fut donc le Lycée qui, l’année suivante, prit ce risque et je fus boursier pupille de la Nation, à part entière, à partir de la cinquième. »
[…] « Au Lycée de Laval, je fus un bon élève, ambitieux et travailleur, plus doué, sans que, pendant longtemps, j’en ai eu vraiment conscience, pour les Lettres que pour les Mathématiques. Mon désir aurait été d’entrer à l’Institut Agronomique mais je n’ai pas osé tenter la préparation du concours d’entrée et, après avoir passé le Baccalauréat de Philosophie, je suis allé à Rennes préparer la licence d’Histoire et Géographie puis le diplôme d’Études Supérieures de Géographie. Je donne alors, pour arrondir ma bourse d’étudiant, quelques cours à l’École de Rééducation des Mutilés de la Guerre 14-18. Expérience pédagogique curieuse car, à certains de mes "élèves", tous beaucoup plus âgés que moi, j’apprenais à lire et à écrire et j’en préparais d’autres au concours de recrutement des percepteurs.
En 1931, à 22 ans, j’entre dans l’Éducation Nationale : d’abord à l’École pratique de Brest, puis au Lycée de Rennes. L’année suivante, je pars au Service Militaire et, après mon passage à l’École de Saint-Maixent, je suis affecté à Orléans comme officier de réserve. À mon retour à la vie civile, en 1933, le recrutement des professeurs est pratiquement arrêté et pendant trois ans je n’obtiendrai que des postes de répétiteur 1er ordre, d’abord au Lycée de Brest, ensuite au Lycée Condorcet à Paris. En 1936, avec l’arrivée au pouvoir du Front Populaire, le recrutement reprend et je suis nommé professeur au petit collège de Saint-Amand-Mont-Rond, dans le Cher : collège remarquablement dirigé par M. Galas qui, depuis, et resté mon meilleur ami. L’année suivante, en 1937, est nommée également à Saint-Amand (mais à l’École Primaire Supérieure), Mlle Henriette Ceugniez, brillante étudiante reçue au concours de recrutement des professeurs d’École Normale et pour qui le passage dans cette petite ville ne pouvait être qu’une courte étape avant la "montée" à Paris. En fait, elle devait y rester 14 ans car nous décidons très vite de nous marier (1938). Nous quittons nos petites chambres meublées et nous nous installons dans un bel appartement, en bordure du parc de Montrond. Une naissance est attendue mais la mobilisation de septembre 1939 devance l’événement et c’est sur la ligne Maginot, par une froide journée de novembre, que j’apprends la naissance de notre premier enfant : Michel.
Quelques mois plus tard, je viens en permission et une deuxième naissance se prépare, mais pour celle-là non plus je ne serai pas à Saint-Amand car je suis fait prisonnier en juin et gardé pendant quelques mois au Camp de Mailly. Courageusement, Henriette, attendant son deuxième enfant et portant le premier dans ses bras, vient m’y rejoindre et m’apporter un peu de ravitaillement (en le jetant par-dessus la clôture). Elle me conseille de m’évader en profitant de la présence de notre voiture à proximité. Je ne le crois pas utile puisque les Allemands vont libérer, croyons-nous, tous les prisonniers dans les prochaines semaines. Quelle illusion !
En septembre, c’est le départ pour l’Allemagne, au camp d’Osterode, dans le Harz et c’est là qu’en janvier m’arrive la nouvelle de la naissance de notre petite fille Françoise, naissance qui remontait au 11 novembre précédent. Les années passent. Pendant que je me morfonds dans mes différents camps : Hoyerswerda, Colditz, etc., Henriette, à Saint-Amand, mène de front son métier de professeur, l’éducation de ses tout jeunes enfants, les courses dans la campagne pour le ravitaillement de la maison et celui de son mari (à ce sujet, je dois remercier très vivement ma sœur et mon frère qui, de la Mayenne et de la Sarthe, m’ont envoyé de très beaux colis. Même l’oncle Bienvenu m’en a envoyé un de Nouvelle-Zélande).
Enfin, la libération arrive (avril, mai 1945). Le 15 mai, la famille est regroupée à Saint-Amand. »
On l’a remarqué : Michel passe très vite sur sa détention en Allemagne. « Pendant que je me morfonds… », c’est tout. Il n’avait pourtant pas à rougir de la situation qui lui était imposée : il était prisonnier de guerre, malgré lui, du fait des circonstances. Il devait pourtant bien savoir que ses lecteurs auraient aimé être éclairés sur la vie quotidienne, cinq années durant, dans les Oflags, d’autant plus que Hoyerswerda et Colditz étaient, en l’espèce, tout à fait exceptionnels. Il n’a pas gardé un silence absolu sur cette parenthèse qui a entaillé sa jeunesse de 29 à 34 ans : il s’en est quelque peu ouvert à sa femme Henriette et à son entourage, puis à ses enfants lorsqu’ils eurent l’âge de l’entendre. Mais à part cette note laconique, par écrit, rien. Le choix de ce silence lui appartenait, et nul n’est fondé à lui en faire reproche, d’autant plus qu’une raison très personnelle devait rendre sa blessure plus indicible qu’à d’autres. En effet, alors que son père avait choisi d’être un valeureux combattant, au point d’être tué à l’ennemi, Michel avait dû rester se morfondre, impuissant et rageur, derrière des barbelés. Ces deux images devaient s’entrechoquer en lui. D’où : laisser la souffrance enfouie dans la fosse du silence.
On a vu trois noms d’Oflags apparaître : Osterode, Hoyerswerda, Colditz. Comme ces lieux et leur destination n’évoquent probablement plus rien à beaucoup, surtout aux générations plus jeunes, il semble opportun d’ajouter quelques indications.
Pour en savoir plus
Prisonniers de guerre (PG)
Combien de prisonniers de guerre (PG) ?
À l’issue de la campagne de France en mai-juin 1940 – « l’Étrange défaite », ironisait Marc Bloch –, le nombre des français faits prisonniers par les armées du iiie Reich s’élève à près d’1,9 million. Au moins 1,6 million d’entre eux est envoyé en captivité dans l’Allemagne nazie ; 940 000 y resteront cinq ans, jusqu’en mai 1945. Cette captivité concerne presque 10 % de la population masculine française.
Prisonniers de guerre, civils volontaires, "Relève", civils réquisitionnés (STO)… et les autres
Rappelons d’abord, si c’est utile, 4 grandes catégories de déportés de nature bien différentes, puis d’autres ensuite. Il faut en effet distinguer
– les militaires, prisonniers de guerre,
– les civils partis volontairement travailler en Allemagne,
– les civils de la Relève, "volontaires" aussi,
– les civils réquisitionnés du "travail obligatoire" (STO).
Il faudrait ajouter les prisonniers de guerre subrepticement "transformés" en travailleurs civils.
Et enfin, il y a évidemment la grande masse des civils déportés pour des faits de résistance, des motifs idéologiques, raciaux ou autres, quelque soit l’âge ou la provenance. Nous n’en parlerons pas ici, pas plus que des Malgré-nous et des Malgré-elles alsaciens et mosellans, qui ne furent pas des "déportés" à proprement parler, mais qui durent quitter de force leur pays, incorporé·e·s dans la Wehrmacht. Nous ne les "oublions" pas, mais ils débordent du cadre de notre présent sujet.
Les prisonniers de guerre ("PG") sont des militaires saisis alors qu’ils combattaient et déportés malgré eux dans des camps allemands. À part les quelques précisions que nous donnons ci-dessous, il ne s’agira que d’eux ici.
Les civils, maintenant. Moins de 100 000 français étaient partis "volontairement" travailler en Allemagne avant mai 1942. C’est alors que Fritz Sauckel, homme politique allemand chargé par Hitler d’enrichir l’industrie du Reich en main-d’œuvre qualifiée, a exigé que Pierre Laval lui fournisse 250 000 travailleurs français. Laval accepte à condition que 50 000 prisonniers de guerre soient libérés en échange de 150 000 ouvriers qualifiés (un PG français contre le départ en Allemagne de trois ouvriers spécialisés). Ce sera "la Relève", sur la base du volontariat. La propagande de Vichy la présente comme une solidarité nationale pour faire rempart au bolchévisme : le 22 juin, dans un discours, Laval « souhaite la victoire de l’Allemagne parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s’installera partout ».
Malgré des mises en scène et une cascade de fausses promesses, c’est un relatif échec : d’avril à la fin de septembre, il n’y a eu que 68 000 départs volontaires, c’est-à-dire moins de la moitié de ce qui avait été réclamé. Le "service du travail obligatoire" (STO) – travailleurs forcés, réquisitionnés : « les requis du STO » – fut instauré le 16 février 1943.
D’autres travailleurs "volontaires" (non réquisitionnés) partirent encore. Comme c’était encore insuffisant pour les allemands, ils "transformèrent", en dépit des Conventions de Genève de 1907 et de 1929, rien moins que 250 000 PG en travailleurs civils. Il semble qu’ils n’ont pas reçu de qualificatif particulier, d’où bien des confusions.
Stalags et Oflags
Il faut encore faire une distinction importante pour notre sujet entre les Stalags et les Oflags. Selon les Conventions de Genève de 1929, ils étaient tous deux réservés aux militaires faits prisonniers, même si le terme de Stalag, dans l’usage courant, a tôt pris une extension plus large, mais inappropriée, incluant les civils.
Les Stalags (abréviation de Stammlager, « camp ordinaire ») étaient les camps où les allemands détenaient les simples soldats et les sous-officiers. Ils subissaient l’astreinte au travail obligatoire (travailler pour l’ennemi redoublait leur peine).
Dans des Oflags (Offizier-Lager, « camps d’officiers »), comme le nom l’indique, il n’y avait que des officiers (des sous-lieutenants aux généraux, ces derniers étant assignés, pour la plupart dans ce secteur, à la forteresse de Königstein). Les conventions de Genève étaient relativement respectées : ils n’étaient pas astreints au travail, à part les corvées qui concernaient la vie ordinaire, dont leurs intendances étaient habituellement chargées. "Relativement", avons-nous dit : les allemands ont souvent bafoué la convention qu’ils avaient signée, en envoyant, par exemple, des officiers récalcitrants dans des Stalags comme celui de Rawa Ruska en Galicie, d’extrêmement sinistre mémoire. On n’en finirait pas de dresser la liste de ces violations.
Les prisonniers de guerre : de coupables à victimes
Sur les prisonniers de guerre – les "PG" –, l’opinion a évolué. Un quart de siècle auparavant, au début de la Grande Guerre, le captif était stigmatisé comme un lâche. Le général Joffre déclarait en novembre 1914 que « tout militaire non blessé fait prisonnier sera, à son retour de captivité, l’objet d’une enquête à l’effet de déterminer s’il y a lieu de prendre, envers lui, des sanctions disciplinaires […] notamment pour capitulation, désertion à l’ennemi ou abandon de poste en présence de l’ennemi ». Mais à la fin de la guerre, le ton de l’État-major et de la propagande avait diamétralement changé, et avec elle l’opinion. Ils ont « magnifiquement rempli leurs devoirs », pouvait-on lire partout. De déserteurs, les "PG" sont devenus les victimes exemplaires de la façon dont un ennemi sans foi ni loi mène la guerre. Il importait avant tout qu’ils servent à diaboliser l’adversaire.
La "mission" des prisonniers de guerre
Cet état d’esprit demeurera pendant la seconde guerre mondiale. Mais le maréchal Pétain leur assigne maintenant de nouvelles fonctions. Le PG doit symboliser l’« abîme » auquel aurait mené, d’après lui, la iiie République (débâcle militaire, crise des valeurs…), nécessitant son remplacement par la Révolution nationale, investie de la mission de « redresser la France ». La propagande attribue donc aux PG une fonction régénératrice : leurs privations dans les camps les conduiront à renoncer à l’« esprit de jouissance » ancien pour devenir cette « aile marchante du grand mouvement de redressement national » que le "vainqueur de Verdun" entend représenter. Il emploie le langage religieux qui parle particulièrement à la France catholique d’alors : la « rédemption par la souffrance ».
Les PG ont leur rôle à jouer dans la stratégie de Vichy. Sur place, déjà, les captifs doivent se considérer comme les premiers à redevenir des « combattants de la Paix » par une collaboration avec leurs gardiens allemands. Ensuite, par la Relève à partir de 1942, les prisonniers libérés viendront porter la bonne parole en France sur le thème : « La France sera européenne ou ne sera pas ». Entendons : une Europe nazie. C’est pourquoi Vichy favorise les « cercles Pétain » qui organisent notamment les « colis Pétain ».
L’Oflag IV-D (Hoyerswerda)
Cette propagande a concerné particulièrement l’Oflag IV-D, c’est-à-dire le camp d’Hoyerswerda, sur la commune d’Elsterhorst, en Saxe, à la limite de la Silésie. Sous quelle forme ? Un exemple : le Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre y a envoyé le questionnaire d’une enquête sur le « problème politique de l’Europe ». Les membres du Centre d’études de la Révolution nationale – le CERN – qui y avait été institué s’étaient chargé d’interroger les captifs pour savoir si la « réconciliation des nations européennes » leur paraissait possible et quels moyens pourraient la rendre durable. Le questionnaire leur demande si l’Europe peut « devenir un jour une réalité politique », à quelles conditions et quels « peuples en feraient partie » ; enfin, « comment se règleraient leurs rapports mutuels ? ». Les réponses à l’enquête n’ont pas été conservées. Mais l’on sait par des témoignages que les prisonniers n’ont pas "marché" dans cette tentative de manipulation.
La majorité des détenus était favorable à Vichy, mais beaucoup avec des distances. Il faut dire qu’ils n’étaient pratiquement pas informés d’un grand nombre des agissements effectifs du pouvoir, surtout des mesures antijuives les plus graves, au moins jusqu’à la rafle du Vél d’Hiv des 16-17 juillet 1942 et, peu auparavant, du port obligatoire de l’étoile jaune. Aucune presse libre ne leur parvenait. Certains arrivaient tout de même à capter Radio Londres. Des informations pouvaient passer par le courrier, mais il était lu par la censure… En revanche, la propagande de Vichy abondait.
Nombreux étaient, en même temps, gaullistes. La formule "Pétain pour l’intérieur, De Gaulle pour l’extérieur" passait pour le bon sens aux yeux de beaucoup.
L’Oflag IV-C (Colditz)
Cette forteresse était censée regrouper ceux qui avaient déjà manifesté leur volonté de fuir. Camp disciplinaire de novembre 1940 à mai 1943, il est rentré dans les "normes" (!) des Oflags ordinaires. On peut se faire une idée de la détention à Colditz en regardant ce documentaire d’Arte. Notons toutefois qu’il est centré sur les tentatives d’évasion ; comme il n’échappe pas au romanesque du genre, il masque beaucoup de réalités de la vie au camp, notamment les plus pénibles.
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Compléments d’information
Né quelques années avant la seconde guerre, le fils aîné de Michel, Michel également, n’aura commencé à connaître la présence de son père, tout comme sa sœur Françoise, qu’après 1945. Et l’ancien prisonnier avait alors à "digérer" ses frustrations et à se réadapter à la vie normale… Il y a quelques années, Michel a voulu se rendre sur les lieux des camps où son père avait été retenu. Sur Hoyerswerda, il nous a rapporté les compléments d’information suivants.
Chronologie du camp d’Elsterhorst (Hoyerswerda)
1938-1939 : Construction du camp d’Elsterhorst.
1939-1941 : Camp principal (Stalag 4 A) pour les prisonniers tchèques et polonais.
1940-1945 : Camp pour officiers prisonniers (Oflag 4 D), pour plus de 5 000 prisonniers, officiers et ordonnances, français pour la plupart, mais aussi belges, britanniques canadiens et yougoslaves. Le camp principal fut périodiquement utilisé pour les prisonniers russes.
Avril-octobre 1945 : camp russe de prisonniers FPPI n° 30 pour les soldats allemands de l’ancienne Wehrmacht. Périodiquement il y eut jusqu’à 70 000 prisonniers internés, dans les baraques, des tentes de fortune, ou à la belle étoile.
20-10-1945 : Remise du camp d’Elsterhorst à l’administration allemande, et camp de libération et de quarantaine pour les soldats allemands rentrant dans leurs foyers.
1945-1948 : Elsterhorst devient un camp pour personnes déplacées de Silésie, Poméranie, et des Sudètes. L’ancien camp d’incarcération est devenu le camp de réfugiés "Newlese".
31-03-1948 : Dissolution du camp "Elsterhorst".
Le cimetière militaire de Nardt
Le cimetière militaire de Nardt a été créé de 1992 à 1993 à partir des sépultures de 621 soldats allemands morts en captivité et de 606 femmes, hommes et enfants qui moururent dans le camp d’Elsterhorst comme personnes déplacées.
Jusqu’en 1990, par suite du manque d’intérêt de la RDA pour le soin et l’entretien des tombes des allemands morts à la guerre, quelques tombes seulement furent entretenues, et grâce à des initiatives privées.
L’association "Pour se soucier des tombes militaires" remit le site dans un état digne. Ce fut réalisé en mai 1993.
Les soldats et officiers français, britanniques et canadiens morts au camp d’Elsterhorst entre 1940 et 1945 furent inhumés à côté du cimetière de Nard avec les honneurs militaires et, à partir de 1952, exhumés et transférés dans leurs pays d’origine.
Les prisonniers russes furent inhumés dans la zone arrière du cimetière de Nardt et transférés en 1974 au lieu de souvenir "Bois sacré d’honneur" à Hoyerswerda.
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Veillons à maintenir vive la mémoire des plus de 55 millions de morts et des plus de 16 millions de déportés de la deuxième guerre mondiale, sans oublier que la Grande guerre de 1914-1918 avait déjà fait presque 20 millions de mort et que la grippe de 1918, dite "espagnole", conséquence indirecte de la guerre, avait tué entre 50 et 100 millions de civils (y compris le monde musulman, l’Inde et la Chine).
Transmettons donc à nos enfants cette leçon principielle : quoi qu’on leur chante à l’envi, sans vergogne aucune, ce ne sont pas les éphémères et vains profits, mais le maintien d’une planète saine, la paix des peuples et leur liberté dans la culture de la raison qui sont les premiers de nos biens.
Dans son malheur, Michel a bénéficié, si l’on peut dire, d’une certaine chance car, en tant que sous-lieutenant, il a été soumis à un traitement d’officier, ce qui lui valut de se retrouver dans des Oflags où les conventions de Genève de 1907 et de 1929 étaient relativement respectées. Comme il était affecté à la région militaire de Dresde, que le camp d’Osterode fut fermé en septembre 1941, que celui de Lückenwalde était réservé aux polonais et celui de Königstein aux généraux, il n’a pu être, après Osterode au début, qu’à Colditz (sans doute à la fin) et à Hoyerswerda le plus longtemps. Ce dernier, l’Oflag IV-D était exceptionnel à maints égards. On n’a jamais vu une telle concentration de brillants esprits en tous genres. Ils trompaient leurs insomnies et comblaient la vacuité de leurs jours à deviser, écrire, monter des pièces de théâtre, offrir des conférences régulières sur tous les sujets.
Un exemple ? Michel a confié qu’il avait été particulièrement impressionné de voir Jean Guitton composer avec beaucoup de concentration, dans ces conditions incommodes, des pages et des pages de philosophie, sans qu’il dispose du moindre ouvrage à consulter. C’étaient ses conférences (il en aurait prononcé 647 !), son journal de captivité (Pages brûlées. Journal de captivité 1942-1943) et des textes destinés à ses futurs ouvrages.
Jean Guitton
Dans cet Oflag, Jean Guitton, le philosophe catholique que l’on sait, s’affichait très clairement pétainiste, convaincu que le Maréchal était la meilleure réponse à la situation du moment. Il n’était pas opposé à De Gaulle pour autant, disait-il. En revanche, sa détestation d’Hitler, à l’égal de celle de Staline, ne faisait aucun doute. Curieusement, le premier volume – Fondements de la communauté française – de son Journal de captivité 1942-1943 se trouvera précédé d’une lettre-préface de Pétain. Il est vrai que l’opuscule lui était bien dédié, mais Guitton n’aurait jamais sollicité du Maréchal l’"honneur" qu’il lui consacrât une préface. Il affirmera le 20 septembre 1995 qu’il n’avait même jamais su comment un exemplaire dactylographié avait pu parvenir à l’Hôtel du Parc de Vichy.
Se demandant comment une rénovation du civisme était possible, Guitton s’inspirait de l’expérience de Salazar au Portugal, mais développait surtout ses propres conceptions.
Par exemple, le 5 mars 1942 (cf. J-L. Clément), il plaidait pour l’instauration d’une magistrature suprême « élevée au-dessus des partis » et édictant « les vérités qui emportent tout ». Il fallait distinguer les principes de leurs fondements, comme dans la Constitution de 1848. « J’avais souvent pensé que l’équilibre de la France exige à la fois l’affirmation des principes (et comment oublier, comment passer sous silence l’idéal de 89 qui a été celui de 150 ans de vie publique et qui est une nouvelle édition de l’idéal chrétien : dignité de l’homme, charité, justice ?). Mais outre ces principes, il faut aussi rappeler les bases : Famille, Travail, etc. Et je sais gré aux gens de 48 de l’avoir compris. »
Guitton visait une synthèse idéale. « Aucune époque de l’Histoire de France, aucun idéal conçu et voulu par les Français ne doit lui être étranger. Chacun de nos ancêtres doit pouvoir se retrouver en elle. Une telle doctrine ne doit répudier ni le Moyen Âge, ni l’Ancien Régime, ni la Révolution, ni l’Empire, ni la République. Mais elle doit conserver dans chacun de ces idéaux successifs de nos pères ce qui est encore susceptible de vie et de vérité. »
La clé, c’est une société composée de communautés, groupements naturels d’hommes libres, poursuivant sous la direction d’un chef le Bien commun, source et résidence de la Souveraineté. Le chef et le Peuple sont au service de ce Bien, chacun dans son ordre. Aussi éloigné du modèle libéral qu’hostile au modèle nazi, il songe à trois types de chefs : « Le chef individualiste a pour fonction de traduire le sentiment du plus grand nombre et de le réaliser sans froisser le petit nombre. Il doit être habile avant toute choses. Le chef collectiviste s’identifie à la société : il en est l’unique interprète. Et sa volonté est conçue comme la volonté générale. Le chef communautaire se considère comme l’organe du Bien commun. […] » C’est sur lui qu’il concentre sa réflexion.
Tout pétainiste qu’il était, Guitton tenait autant le peuple juif que sa culture en très haute estime ; il avait d’ailleurs appris l’hébreu et se plaisait à le rappeler, tout comme le fait que ses deux philosophes de prédilection étaient Spinoza (nonobstant sa définition de Dieu) et Bergson. Parallèlement aux conférences que nous venons d’évoquer, il avait choisi, justement, de donner dans ce camp nazi, devant un parterre d’officiers bottés, des conférences sur Bergson – philosophe juif, faut-il le rappeler ? –. Il confiera, esquissant un sourire narquois, que son enseignement était « particulièrement écouté [sic] par les officiers allemands. Le Sonderführer était venu me dissuader de poursuivre ce cours dangereux pour moi ». Mais faisant fi de la menace, il poursuivit ses cours comme si de rien n’était. Cela, paraît-il, lui aurait coûté la libération exceptionnelle que voulait lui accorder – sans qu’il l’ait jamais demandée – l’ambassadeur allemand à Paris, admirateur de son œuvre, Otto Abetz.
À la libération des camps, le retour tant espéré pendant cinq interminables années tourna à l’horreur pour un grand nombre de détenus de Hoyerswerda. Les plus valides durent marcher entre 150 et 170 kilomètres dans les pires conditions pour rejoindre Colditz, les autres étant abandonnés à leur sort – qu’on imagine, même si la Croix-Rouge n’a pas été inactive –. Pendant les bombardements de Dresde, leurs colonnes ont souvent été prises pour cible par l’aviation des libérateurs qui ignoraient sur qui ils tiraient. Michel a-t-il compté parmi ces malheureux marcheurs ? Comment est-il parvenu à déjouer les pièges qui ont conduit certains dans l’autre enfer, stalinien ? Nous l’ignorons.
Nous avons ouvert une parenthèse dans le texte de Michel au moment où il écrivait : « Le 15 mai [1945], la famille est regroupée à Saint-Amand. » Retrouvons le fil de son récit, maintenant plus souriant :
« Une nouvelle naissance s’annonce : ce sera celle de Nicole, née le 23 février 1946. À la rentrée d’octobre précédent, j’avais repris mon service au Collège, toujours avec M. Galas. Très encouragé par lui, je pose ma candidature à un poste de Directeur. Elle est retenue six ans plus tard, en 1951. J’avais alors 42 ans. Je refuse un premier poste qui m’est proposé en Vendée, ne voulant pas me retrouver mêlé aux luttes cléricales et anticléricales violentes dans ce département. J’accepte par contre le deuxième poste qu’on me propose, à Poligny dans le Jura. Henriette y obtient, non sans mal, un poste à l’École Nationale Professionnelle voisine du collège et nous restons 14 ans dans cette petite ville. Les enfants grandissent. Intelligents et studieux, ils franchissent brillamment les étapes du Baccalauréat. Michel entre à Besançon dans les classes préparatoires aux Grandes Écoles et intègre à l’Institut Électronique de Grenoble. Françoise, en quelques années, entre à H.E.C.J.F., passe la licence en droit, obtient le diplôme de Sciences Politiques et fait un stage d’un an aux États-Unis, près du lac Michigan.
Nicole prépare à Besançon, dans la classe préparatoire à Fontenay, la licence d’Allemand puis obtient le C.A.P.E.S. d’Allemand. Pendant toute cette période, nous utilisions au mieux les quelques semaines de vacances que je pouvais m’accorder et c’est ainsi qu’un jour de juillet 1956 nous décidons de camper à Vieux-Boucau, sur la côte des Landes. Le pays nous plaît et nous y revenons ensuite chaque année.
Un terrain est acheté à Soustons, à 8 km de Vieux-Boucau et nous y faisons construire la maison qui, plus tard, deviendra notre maison de retraite. Il ne restait plus qu’à obtenir notre mutation du Jura dans les Landes et, en 1965, je fus nommé Proviseur du Lycée de Borda à Dax et Henriette, professeur dans le même établissement, au moins jusqu’en 1970. À cette date, profitant d’un regroupement des cycles, elle demanda à enseigner dans le C.E.S. voisin du Lycée pour être sûre d’avoir dans son service au moins une classe de sixième. Elle put alors y déployer ses magnifiques dons de grand-mère, à la fois douce et ferme, adorée et respectée par les enfants.
C’est évidemment avec ses propres petits-enfants qu’elle avait pu faire ses preuves car mes enfants, leur situation professionnelle bien assise, s’étaient mariés relativement jeunes.
[…] Et pendant ce temps, pour nous, les parents, l’heure de la retraite a sonné.
Je l’ai prise, le premier, en 1972. Depuis 1968, je m’adaptais mal au nouvel esprit qui régnait dans les établissements scolaires. Il nous fallut alors quitter le bel appartement dont nous disposions au Lycée de Borda et nous installer complètement dans notre maison de Soustons. »
Henriette, pendant deux ans, continua à enseigner au C.E.S. de Dax, empruntant le plus souvent le car régulier Soustons-Dax. Ce ne fut pas sans regret qu’elle accepta en 1974 de prendre sa retraite à son tour, mais elle se sentait trop fatiguée pour continuer. Pendant trois années, nous avons mené une vie agréable de retraités : moi dans mes jardins, celui de Soustons et celui de Saubion où, en 1972, nous avions acquis une petite propriété : les Corts ; Henriette, dans sa maison et, le plus souvent possible, auprès de ses enfants et petits-enfants.
Pourtant, à partir du début de l’automne 1977, elle ne se sentit plus la force de voyager et le 16 décembre 1977, brusquement, elle nous a quittés. »
Georges [Jean] Lami, né le 28 mars 1912 à Saint-Mars-sur-la-Futaie.
Il fit ses études primaires à Bierné avec un instituteur âgé qui prit bientôt sa retraite dans la maison que Louise a achetée par la suite. Les courriers nous apprennent qu’il a souvent été malade pendant la Grande Guerre et qu’il a beaucoup souffert de maladies de peau dues à la vermine dont on ne parvenait pas à le débarrasser. Nul ne peut dire si cela l’a prédisposé à devenir médecin, mais il en eut la vocation.
Il « entre, comme boursier, en sixième au lycée de Laval et obtient, sans difficulté, le Baccalauréat », précise son frère Michel, qui ajoute :
« Il commence ensuite ses études de médecine à Rennes. Au bout de quelques années, il demande et obtient des postes d’externe, puis d’interne. Ses stages les plus longs ont eu lieu à l’hôpital d’Amélie-les-Bains et à l’hôpital psychiatrique du Mans. C’est dans cette dernière ville qu’il connaît celle qui devait devenir sa femme : Colette Pinson. Titulaire du doctorat, il s’installe en médecine générale à Saint-Jean-d’Assé à une quinzaine de kilomètres [au nord] du Mans (après un court séjour dans le sud de la Mayenne). Au cabinet de médecin est jointe une propharmacie, ce qui donne une situation à sa femme. C’est à Saint-Jean que la mobilisation l’appelle en 1939. Fait prisonnier en 1940, il est, comme médecin, assez rapidement libéré et rejoint sa femme et son fils Jacques, né en juin précédent. Après une dizaine d’années (ou une quinzaine) il obtient le diplôme de médecin du travail et entre, en cette qualité, aux usines Renault du Mans. Il habite alors une belle propriété sur les bords de l’Huisne. En 1973, il prend sa retraite et quite Le Mans. Il a fait construire deux maisons : l’une, dans la Sarthe, près de Saint-Jean-d’Assé, l’autre à Bormes-les-Mimosas, dans le Var, au bord de la Méditerranée et il partage ses loisirs entre ses deux résidences. »
Notons pour l’amusement que le village de Saint-Jean-d’Assé avait vu naître jadis, en 1594, un prestigieux médecin en la personne de Marin Cureau de La Chambre, choisi par Louis xiv, qui l’estimait au point de le considérer comme un "oracle". Le nouveau médecin n’a pas succédé à n’importe qui !
Georges a su se montrer fort obligeant. Un exemple : pendant la Seconde guerre, il fallait trouver du lait en poudre, notamment pour les petits (c’était le fameux “Dryco”, dont tous les anciens se souviennent). Le docteur en fit son affaire. Il a réussi bien des fois à en fournir à ma mère pour son septième enfant, mon frère Alain, né en 1942.
Il a entrepris des voyages dans des pays qui nous paraissaient lointains à l’époque, tractant péniblement sa chère caravane, par exemple, sur les très mauvaises chaussées de la Côte adriatique. S’il aimait l’aventure touristique, il appréciait aussi de passer tranquillement au moins une partie de ses vacances d’été à Daon – fixant sa caravane au camping et prenant son bateau pneumatique pour pêcher sur la Mayenne. De là, il pouvait "monter au château" pour rendre visite à mon père Jean, son cousin, lorsqu’il prenait des congés, et faire des sauts à Bierné, qui n’est qu’à 12 km de Daon. Il y retrouvait la famille de sa sœur Renée et sa mère Louise.
Georges a laissé le souvenir d’un homme qui s’est rendu la vie agréable, conforme à ses désirs.
Renée [Jeanne Louise] Lami, née le 24 juin 1913 à Saint-Mars-sur-la-Futaie (53).
Renée Chevreul au mariage d’Edouard et Marie-Josèphe Reillon.
Elle suivit les cours de l’École des filles de Bierné, ayant sa mère pour institutrice. Elle entra en 1924 à l’École Primaire Supérieure de Mayenne. Sa tante Léonie Quinton vivant dans cette ville, elle pouvait lui rendre visite le dimanche. Puis, écrit Michel, « après son retour de l’École Primaire Supérieure, elle a travaillé quelques temps à la poste de Bierné puis s’est mariée, jeune, avec Henri Chevreul, propriétaire avec sa mère, à Bierné, d’un hôtel réputé dans la région [« la Boule d’Or »]. Elle est devenue, sans y avoir jamais été préparée, une cuisinière de talent. » Henri et Renée Chevreul à leur mariage. Aux yeux de tous, elle était "la patronne" de l’hôtel. Elle ne mesurait pas le labeur qu’elle y consacrait. Qui a goûté à sa table en gardait un inoubliable souvenir. Ah, ses conserves "maison" de haricots verts, par exemple…
Michel poursuit : « Deux enfants sont nés : Michel en 1934, Christiane en 1939. La maladie a malheureusement empêché ma sœur de rester dans son hôtel aussi longtemps qu’elle l’aurait certainement souhaité. Elle a donc pris sa retraite prématurément pendant que son mari continuait à gérer un portefeuille d’assurances et surtout à faire valoir ses propriétés où il faisait de l’élevage et plus précisément de l’embouche. »
Ainsi, Renée vécut à quelques pas de chez sa mère qui, retraitée, s’est beaucoup occupée des deux petits-enfants. Renée souffrait cruellement de la maladie de Parkinson, dont on savait beaucoup moins retarder et soigner les symptômes à l’époque que maintenant. La fin de sa vie en fut très assombrie.