S’y retrouver dans les branches généalogiques d’une famille n’est pas chose aisée à première vue. Finalement, ce n’est pas bien difficile lorsqu’on a en tête les quelques embranchements de filiation qui nous concernent. Voici un tableau récapitulatif qui les donne, en ne remontant qu’à la Restauration.
En 1818, Pierre Letourneau épouse Julie [1] Léon.
En 1847, leur fille Julie [2] Letourneau se marie avec Louis Boulay.
En 1879, leur fille Louise [1] Boulay se marie avec Jean-Baptiste Guillé.
En 1907, leur seconde fille, Louise [2] Guillé, se marie avec Michel Lamy, le futur capitaine.
Les ancêtres Letourneau
Nous ne remonterons qu’à la fin du xviiie siècle.
La destinée de ces deux premières générations est brève et tragique.
1 ►Pierre[Marin] L’Etourneau (1770-1796), 11e d’une fratrie de 13 enfants, berger, est mort prématurément à Meslay-du-Maine, « victime du brigandage des Chouans » (fut-il assassiné ?). Comme il avait épousé Marie Chardron (1769-1798), morte deux ans après lui (on ne sait ni comment ni pourquoi), le couple a laissé deux orphelins de très bas âge derrière lui : Pierre (1794-1824) et Philibert (né en 1796). Leur oncle René L’Etourneau (1756-1830), berger lui aussi, les a recueillis et élevés.
2 ► Ce Pierre (qui devient Letourneau) fit son apprentissage de menuisier à Château-Gontier. Il épousa Julie Léon en 1818. Comme elle apportait quelque argent par sa mère, Pierre put louer une maison et un atelier. Fin 1819, naît leur fille Julie. Mais sans doute le menuisier se savait-il dangereusement malade : à 28 ans ½ seulement, il dicte son testament et décède cinq mois plus tard. La petite Julie n’avait alors que 5 ans.
3 ► Cette Julie Letourneau, née le 20 décembre 1818, bénéficiera d’une vie plus longue que celle de ses aïeux. La date de sa mort nous reste inconnue, mais elle était présente au mariage de sa fille Louise en 1879. Donc, elle aura au moins été sexagénaire. En revanche, son mari, le menuisier Louis Boulay, plus jeune qu’elle (il est né le 17 mai 1822 à Châtelain), était déjà décédé, à 36 ans seulement (le 12 juin 1858 à Saint-Fort).
4 ► C’est par Julie Letourneau, épouse Boulay, que se fera l’union avec la famille Guillé puisque leur fille Louise épousera Jean-Baptiste Guillé en 1879.
Pour en savoir plus sur la famille Letourneau,
Les Letourneau
Pierre [Marin] L’Etourneau est né le 11 février 1770 [N.B. Les recherches généalogiques d’Annie Bienvenu ont trouvé 13 enfants dans cette fratrie ; Pierre est le 11e]. Il meurt en 1796 (le 5 ventôse An IV, c’est-à-dire le 24 février) à Meslay-du-Maine (à 6 lieues au nord-est de Château-Gontier) où il s’est trouvé « victime du brigandage des Chouans ». Berger, il a épousé Marie Chardron, née le 10/12/1769 et décédée le 02/07/1798. L’inventaire (25 thermidor An VI = 16 septembre 1798) a été conservé. En solde de tout compte, il resta 442 livres (ce qui ne serait pas une somme négligeable).
Ils laissent en mourant 2 enfants mineurs : Pierre (né le 13 floréal An II, c’est-à-dire le 02 mai 1794 : il avait 2 ans à la mort de son père, 4 ans ½ à celle de sa mère) et Philibert Letourneau (né en 1796). Tuteur : l’oncle René L’Etourneau (1756-1830), berger lui aussi, à Château-Gontier (extra muros)
Pierre, écrit Michel Lami, « entra à 7 ans chez son tuteur qui l’envoya ensuite chez le sieur Ménard, maître menuisier à Château-Gontier, pour y faire son apprentissage, lequel coûta 250 francs. Il épousa Julie Françoise Léon le 30 mars 1818. L’épouse avait quelque argent par sa mère, Julie Le Roi, qui avait été longtemps au service de Madame Le Motheux de Chibray {ndlr : Petite erreur de Michel : il s’agit d’une "de Chitray", sans doute née Jeanne Anne Trochon de La Théardière, le 12 juillet 1758, décédée le 31 décembre 1821}, laquelle, “voulant reconnaître les soins qu’elle a eus, tant pour elle que pour ses enfants, depuis plus de 20 ans, lui constitue une rente annuelle et viagère de cent livres tournois sans aucune retenue dont le premier paiement aura lieu à la Toussaint 1815”. […] Pierre et sa femme louent tout de suite (21 juin 1818) une maison située Grande Rue à Château-Gontier et y installent l’atelier de menuiserie. Cette maison devait être assez grande puisque le 18 octobre 1820 ils en sous-louent une partie à un sieur Albin. Le 12 novembre 1818, meurt le frère de Julie : François Léon, journalier à Château-Gontier. […] La mère de Julie disparaît à son tour le 1er janvier 1822. […]
En 1819 {ndlr : légère erreur de quelques jours : elle est du 20/12/1818} était née à leur foyer une petite fille Julie. Ce sera leur seul enfant car Pierre va bientôt disparaître à son tour.
Dès le 28 octobre 1823, alors qu’il n’est âgé que de 32 ou 33 ans {ndlr : Michel a mal calculé. En fait, Pierre n’a que 28 ans ½ (il est né le 02 mai 1794). C’est vraiment bien jeune pour faire son testament ! Savait-il alors qu’il était dangereusement malade ?}, il dicte son testament garanti par “Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre” devant Maître Martinet, notaire à Château-Gontier. Il lègue à Julie Léon, son épouse, “l’usufruit disponible de ses biens meubles et immeubles pendant sa vie” mais “si mon épouse passait en secondes noces, ayant alors un ou plusieurs enfants de mon mariage, mon testament deviendrait caduc et mon legs cesserait d’exister à partir de ce jour-là”.
[…] Le 20 mars 1824, décès de Pierre et il faut à nouveau procéder à un inventaire des biens puisqu’il y a une enfant mineure âgée de 5 ans. […] Cet inventaire comporte surtout du matériel et des bois de menuiserie et parmi les pièces les plus curieuses on peut citer 3 chaudrons et un poêlon d’airain. »
Le frère de Pierre, Philibert, fit aussi son apprentissage de menuisier pour la même somme de 250 francs, « d’abord chez le sieur Royer, de Meslay, puis chez le sieur Meslay, de Laval (il s’agit peut-être de la même personne) ».
Michel précise encore : « Plus tard, Julie Letourneau [née le 20/12/1818] épousera Louis Boulay[né le 17/05/1822 à Châtelain, mort le 12/06/1858 à Saint-Fort], menuisier à Château-Gontier ».
Les ancêtres Boulay
Depuis le xviie siècle au moins, les Boulay vivent à Château-Gontier. Dans le couple formé de Jean Boulay (1704–1772) et de Jeanne Cahoreau (1706–1774), mariés en 1730, sont nés 11 enfants. Mais cela ne va pas durer : dans les générations suivantes, l’un ou l’autre des parents mourra jeune.
Le 8e enfant de ce couple, Jean (1746–1806), "tireur d’étaim au port au vin" (c’est-à-dire étaminier, fabricant aussi bien de bas très fins que de tissus à mailles peu resserrées), s’est marié en 1777 avec Renée Chéruau. Lorsqu’elle décède en 1791, ils n’ont que 2 enfants. Le second, Louis (1781–1847), s’établit à Châtelain comme charpentier et s’y marie en 1821 avec Michelle Meignan (1806–1830). Celle-ci étant décédée à 24 ans, ils n’auront pu avoir qu’un fils unique, Louis (1822–1858), qui se marie en 1847 avec Julie Letourneau (1818– ?). Passant de la charpente à la menuiserie, il s’établit, à l’instar de son beau-père, à Château-Gontier, au plus tard en 1851.
Ils ont une fille, Louise, née en 1848. La petite n’a que 10 ans lorsqu’elle perd son père, âgé seulement de 36 ans. Il avait fait prospérer très favorablement son affaire puisque sa veuve hérite de plus de 4 000 francs, somme suffisante, gérée avec soin, pour arriver à vivre convenablement jusqu’à la fin de ses jours. Julie a pu ainsi offrir à sa fille une éducation soignée et lui éviter de se précipiter dans un mariage. D’ailleurs, lorsque Louise décidera de se marier à 31 ans, sa mère lui laissera la moitié de sa petite fortune du moment : Louise ne partira donc pas "de rien" dans la vie.
Cette Louise Boulay (1848–1928) nous intéresse particulièrement puisque, ayant pris pour époux Jean-Baptiste Guillé (1846–1910) en 1879, ce seront les parents de Jeanne et de Louise, celle qui épousera Michel Lamy. À son mariage, Jean-Baptiste ne peut fournir que « ses habits et ses meubles », écrira son petit-fils. Mais il a un métier, comme nous le verrons plus loin.
Pour en savoir beaucoup plus sur la famille Boulay,
Les Boulay
✙ Pierre Boulay meurt avant 1730. Il s’était marié à Anne Ruau (ou Ranu ?), décédée après lui. On ne sait rien de plus sur eux.
✙ Jean Boulay, né en 1704, le 13/01/1772. Marié le 16/10/1730 avec Jeanne Cahoreau (10/02/1706 – 25/12/1774). Tous deux sont natifs de Château-Gontier ; ils y ont passé leur vie et y sont morts.
✙ Les 11 enfants de Jean & Jeanne Boulay (tous nés à Château-Gontier) :
Marie Jeanne 11/08/1731
Jeanne Françoise 24/07/1732
Jean 15/07/1733
Perrine Jeanne 14/07/1734
Jeanne Françoise 19/08/1735
Renée 27/02/1737
Claude Jean 05/05/1738
Jean 20/04/1746 – 15/08/1806.
Marié le 07/07/1777 à Renée Chéruau (? – 04/04/1791).
Sur ce Jean, a été conservé le plus ancien document concernant les Boulay (18 germinal An XI, soit le 8 avril 1803) : une demande de renseignements du Secrétaire Général du Ministre de la Guerre sur un parent (René Chéruau). Il indique qu’il était « tireur d’étain au port au vin à Château-Gontier », rapporte Michel, qui commet une erreur de transcription : cela n’a rien à voir avec le métal, mais avec l’étaim (ou estaim, estaing, étamine, etc.), longue laine peignée en grande carde, c’est-à-dire avec un peigne aux dents longues, fortes, droites et pointues. Ce sont les meilleurs fils de laine peignée, utilisés particulièrement pour produire les bas les plus fins, la chaîne des tapisseries, etc., mais aussi des tissus à maille peu resserrées qui peuvent servir de tamis. Il s’agit d’un produit de luxe que n’importe qui ne peut pas s’offrir, les petites gens devant se contenter de s’habiller de serges, de telons et de droguets. Le "tireur d’étaim" (qui est un "bourgeois", s’il vous plaît !) peut aussi être appelé estamier ou estaminier, ou aujourd’hui étaminier. Des détails sont fournis sur cette page parmi bien d’autres. Je l’ai sélectionnée parce qu’elle est composée par une descendante… Boulay des régions mayennaise et angevine.
Étienne 03/10/1747
Pierre 29/10/1748 – 20/03/1770
Jean 14/10/1750
✙ Les 2 enfants de Jean & Renée Boulay (nés à Château-Gontier) :
Pascal 26/03/1780
Louis, né le 30/03/1781 – 22/09/1847.
Marié à Châtelain (près de Château-Gontier) le 03/07/1821 avec Michelle [Françoise] Meignan (20 germinal 1806 – 14/04/1830). C’est à Châtelain qu’ils sont morts.
En 1816, il fut nommé tuteur de son cousin germain Pierre Chéruau, mineur, âgé d’environ 15 ans, orphelin de père et mère. C’est ainsi qu’on apprend qu’il était déjà charpentier à Châtelain avant son mariage. Sur le procès-verbal du 12 novembre 1816, il est indiqué qu’il ne pouvait pas signer, ne sachant pas plus le faire que deux autres témoins (sur six).
✙ Le seul enfant de Louis & Michelle Boulay :
Louis, né à Châtelain le 17/05/1822 – 12/06/1858 à Saint-Fort.
Marié à Château-Gontier le 23/08/1847 avec Julie [Renée] Letourneau (20/12/1818 – ?).
Comme son beau-père, il fut un menuisier consciencieux. Il s’établit à Château-Gontier. Nous rencontrons une difficulté à propos de la date : Michel écrit qu’« il s’établit à son compte en 1851 (donc à 26 ans) ». Mais en 1851, il avait 29 ans. Était-ce plutôt en 1848 (il avait alors 26 ans), ce qui correspondrait à la naissance de sa fille Louise ? Comme Michel a dû croire qu’il était né en 1825 (il fait régulièrement une erreur de 3 années sur ce Louis), il nous semble que la date de 1851 doit être retenue.
Michel précise : il « loua une maison avec une "boutique" de menuiserie et acheta tous les outils de menuiserie moyennant le versement d’une somme de 350 francs par an pendant 10 ans, "à réserve que, s’il ne faisait pas des affaires, il serait libre, après 5 années, d’abandonner le tout dans l’état où il le reçoit. En abandonnant, il ne pourra pas exercer, dans aucune position, l’état de maître menuisier comme son vendeur ne pourra le faire si M. Boulay continue le marché". »
Louis mourut le 12 juin 1858. Il avait 36 ans (et non 33 comme le dit Michel). « Quelques heures avant sa mort à son domicile, Louis Boulay, devant Maître Lemesle, notaire à Château-Gontier, faisait don à sa femme Julie Letourneau "de tous les biens meubles et immeubles qu’il possèdera à son décès, l’établissant ainsi sa donataire universelle en usufruit". Louis Boulay fut requis de signer cet acte, déclara savoir signer mais ne pouvoir le faire à cause de son extrême faiblesse. Sa femme signa. »
Michel poursuit : « Mme Boulay fut bien obligée de vendre le fonds de menuiserie dès le mois d’août suivant. Son mari […] avait fait prospérer son affaire. […] Le montant de la vente s’éleva à 4 104 francs 75. Il fut versé à Mme Boulay le 1er octobre 1858. Elle lui permettait de se constituer une petite rente qui fut grossie d’une partie du produit d’une vente d’une closerie de 14 hectares et d’une maison située au bourg de Meslay dont la possession remontait au grand-père Letourneau, celui de la Révolution, et à sa femme Marie Chardron. Mais il y avait au moins 10 vendeurs. »
✙ Le seul enfant de Louis & Julie Boulay :
Louise [Augustine], né à Château-Gontier le 17/06/1848 – à Evron le ?/?/1928.
Mariée à Château-Gontier le 29/09/1879 avec Jean Baptiste Guillé (15/05/1846 – ?/?/1910).
« La petite fille, Louise Boulay, avait 10 ans à la mort de son père. Jusqu’à l’âge de 31 ans, elle vécut auprès de sa mère à Château-Gontier, reçut une éducation soignée et vécut "en rentière". C’est bien la seule fois que le mot apparaît dans les actes de notre famille. En 1879, elle rencontra Jean-Baptiste Guillé, instituteur à Bazouges (banlieue de Château-Gontier) qui, né en 1846, avait donc 33 ans. Elle l’épousa en septembre avec contrat de mariage (c’est la seule fois également qu’on constate un contrat de mariage dans la famille). »
La mère de Louise (Julie) fit don à sa fille, juste avant son mariage, de 2 757 francs, gardant l’usufruit des 2 837 francs restant de la donation de feu son mari. Louise ne partait donc pas "de rien" dans la vie, contrairement à Jean-Baptiste, qui ne pouvait fournir qu’un maigre saint-crépin : « ses habits et ses meubles », écrit Michel.
Les ancêtres Guiller, devenus Guillé
Les Guiller vont devenir Guillé à partir des années 1760. Le nom de Guillet apparaît aussi dans quelques actes. Il s’agit pourtant bien de la même famille.
Le plus ancien Guiller connu, Laurent, est né dans les premières années du xviie siècle à Mont-Saint-Jean. Ses descendants, jusqu’à la fin du xixe siècle, ne se déplaceront que dans les villages les plus proches. Il aura 6 enfants ; son fils Anthoine (1650-1694) également. Jean, fils d’Anthoine, né en 1686, épousera Jeanne Theleau, qui n’avait alors que 16 ans. Elle lui donnera 11 enfants.
Le 8e des enfants de Jean, Antoine comme son grand-père – mais sans le "h" –, né en 1732, se déplacera à Saint-Germain-de-Coulamer, où vivait sa femme Marie Breux. Est-il mort jeune ? Nous ne connaissons pas la date de son décès, mais il est permis de le supposer puisque le couple n’aura eu que 2 enfants. C’est leur aîné, Denis (1761-1817), qui change l’orthographe du nom. Sur son acte de mariage avec Anne Janvier en 1790, sur lequel est précisé qu’il était "garçon domestique", il s’appelle Guillet, puis devient Guillé. Leur cadet est le 4e : c’est le premier des Jean-Baptiste. Ce berger n’aura qu’un fils avec sa femme Mélanie Pelletier : elle a perdu la vie à 24 ans seulement. Le couple s’est installé à Saint-Mars-du-Désert, d’où provenait Mélanie.
Cet enfant unique a reçu le prénom de son père. Ce second Jean-Baptiste (1846-1910) n’avait que 3 ans lorsqu’il a perdu sa mère. La tradition orale prétend qu’il aurait été berger dans sa prime jeunesse. Ce qui est certain, c’est qu’il fera les études nécessaires pour devenir instituteur.
Comme nous l’avons vu plus haut, il a épousé Louise Boulay le 29 septembre 1879 à Château-Gontier. Nommé à l’école communale de Saint-Martin-de-Connée, Jean-Baptiste est resté toute sa vie dans ce village. Pour sa retraite, il s’installera avec Louise à Évron.
Le couple a donné naissance à deux filles. C’est la cadette, Louise comme sa mère, qui se mariera en 1907 avec Michel Lamy, celui dont nous commémorons le centenaire de la mort.
Pour en savoir beaucoup plus sur la famille Guillé,
Les Guillé
✙ Laurent Guiller, né vers 1600, est mort le 14/03/1690 à Mont-Saint-Jean (72).
Le 08/01/1642, il a épousé Magdeleine Cadieu.
Les 6 enfants de Laurent & Magdeleine Guiller :
Jeanne
Mathurine, née le 27/11/1642 à Sillé-le-Guillaume
Anthoine, né le 12/01/1645 à Sillé-le-Guillaume
Pierre, né en 1649, 17/01/1709 à Mont-Saint-Jean
Anthoine, né le 15/05/1650 à Mont-Saint-Jean, 27/07/1694 à Mont-Saint-Jean. Marié le 08/05/1675 avec Marie Jardin (?/?/1657 – ?).
Martin, né le 08/06/1654 à Mont-Saint-Jean 24/01/1708
Les 6 enfants d’Anthoine & Marie Guiller (Mont-Saint-Jean) :
Marie Magdeleine 13/04/1676
Françoise 23/11/1677
Anthoine 20/03/1681
Jacques 27/05/1684
Jean 07/03/1686 – avant 1747 ? (incertain). Marié le 04/08/1717 avec Jeanne Theleau (vers 1701 ? – 23/07/1741). À son mariage, parmi ses témoins, il y avait l’oncle et curateur de Jeanne, René Gaudemer, ce qui confirme qu’elle était très jeune (16 ans tout au plus).
Louise 07/03/1688
Les 11 enfants de Jean & Jeanne Guiller (Mont-Saint-Jean) :
Marie 22/12/1720
Jean 13/07/1722
Jeanne 06/02/1724
Louise 28/02/1726
Marin 17/07/1727
Marie 04/06/1729 – 07/11/1817
Catherine 07/02/1731
Antoine né le 10/09/1732, le 25/01/1763 à Saint-Germain-de-Coulamer. Marié le 25/11/1760 avec Marie [Magdeleine] Breux (20/02/1739 – après 1790).
Renée 28/03/1734
Guillaume 18/03/1736
Anne 06/07/1738
Les 2 enfants d’Antoine & Marie Guiller (qui deviennent Guillé) :
Denis, né à Saint-Germain-de-Coulamer le 10/10/1761, le 02/01/1817 à Saint-Aubin-du-Désert. Marié le 31/08/1790 à Courcité (village voisin à l’est) avec Anne Janvier (Courcité le 05/08/1770 – Saint-Germain-de-Coulamer le 04/01/1834). Notons qu’on trouve parfois son nom orthographié Guillet. Il était déclaré "garçon domestique" sur son acte de mariage.
Marie [Magdeleine] 04/02/1763
Les 4 enfants de Denis & Anne Guillé :
Denis [René] 14/08/1792
François 03/02/1795
Jacques 17/05/1803
Jean-Baptiste[François] né le 08/08/1812, décédé entre 1846 et 1879. Marié à Saint-Mars-du-Désert le 26/06/1845 avec Mélanie [Françoise] Pelletier (29/09/1825 – 28/12/1849).
Nous ignorons la cause du décès de Mélanie : maladie, ou accident, ou bien en couches ? Comme elle n’avait que 24 ans, cette dernière conjecture l’emporte en probabilité.
La date du décès de ce Jean-Baptiste n’a pas été trouvée. Comme il n’était pas présent au mariage de son fils en 1879, il a dû disparaître entre 1850 et ce jour-là. Pourquoi fixer ainsi la limite inférieure de cette fourchette ? Sa femme Mélanie est morte dans les derniers jours de 1849 et rien n’indique que le seul enfant que le couple a eu le temps d’avoir (en 1846) ait été orphelin. Donc, Jean devait encore être vivant en 1850.
Le seul enfant de Jean-Baptiste & Mélanie Guillé :
Jean-Baptiste, né à Saint-Mars-du-Désert le 15/05/1846, décédé en 1910. Marié le 29/09/1879 à Château-Gontier avec Louise [Augustine] Boulay (17/06/1848 – ?/?/1928)
Michel Lamy n’a malheureusement pas pu connaître son grand-père Jean-Baptiste Guillé, mort un an après sa naissance. Dans l’éloge qu’il fait de ses mérites, le professeur et proviseur glisse son expertise : « la tradition orale dit qu’il avait d’abord été berger et que c’était son curé qui lui aurait donné les leçons nécessaires pour pouvoir se présenter à l’École Normale. C’était un jeune homme très studieux et j’ai souvent envié la présentation de ses cahiers d’École Normale. »
Jean-Baptiste Guillé n’avait que 3 ans lorsqu’il perdit sa mère. Son éducation reste pour nous quelque peu mystérieuse : à cette époque, dans ce milieu et dans ces conditions, comment put-il faire suffisamment d’études pour devenir instituteur après avoir été berger ? Nous regrettons, faute de documents, de ne pas pouvoir dresser de lui un portrait bien informé : si l’on en juge par les lettres de sa fille Jeanne, il en valait la peine. Le peu qu’elles rapportent de lui nous laisse l’image attachante d’un homme très affectueux, discret et solide. Les deux photos qui nous restent de lui produisent une impression semblable. On peut aussi supposer qu’il faisait preuve d’une indépendance d’esprit assez rare puisqu’à la fois il était un fervent catholique et instituteur de l’école publique ("l’école du diable" pour les cléricaux !) à l’époque la plus intense de la bataille qui faisait rage entre "cléricaux" et la République laïque, particulièrement en Mayenne, Anjou et Bretagne. Jean-Pierre Crépin, fils de sa petite-fille Jeanne, instituteur lui-même, aime évoquer le bel harmonium que ce hussard noir de la iiie République possédait chez lui et qu’il prenait plaisir, paraît-il, à jouer. Je doute que cette pratique ait été commune à cette époque chez les instituteurs.
Depuis son mariage, Jean-Baptiste Guillé aura toujours enseigné à l’école communale de Saint-Martin-de-Connée. Sans doute y vivait-il dans un logement de fonction : à la retraite – il a eu 60 ans en mai 1906 –, il quitta ce village où il avait vécu toute sa vie avec sa femme Louise et élevé ses enfants. Ils partirent louer une petite maison à Évron, au 9, route de Neau. Le "maître" restait néanmoins attaché à son ancienne fonction puisqu’on lit, gravé sur sa carte de retraité : "Instituteur honoraire à Évron".
C’est par les lettres de Jeanne que nous savons qu’il souffrait d’insuffisance cardiaque en fin de carrière. Michel parle seulement de la « mauvaise santé » qu’il avait à l’approche de la retraite, mais ajoute qu’« il avait dû être suppléé, l’année qui précéda sa retraite, par sa fille aînée Jeanne pendant que sa plus jeune fille Louise était à l’École Normale de Laval ». Nous avons conservé une enveloppe datée du 24 juin 1904 ("la saint Jean", jour où l’on fête la nativité de Jean le Baptiste) qui témoigne en effet qu’on s’adressait à ce moment-là à Jeanne – qui avait alors 20 ans – en tant qu’"institutrice" à Saint-Martin, ce qui indique qu’elle a dû assurer cette "suppléance" au moins en fin d’année. Pour ce faire, il avait fallu qu’elle quitte l’emploi qu’elle occupait à la poste de Renazé. À la rentrée suivante, on la retrouve à l’école des filles de Viviers-en-Charnie (à une vingtaine de km au sud de Saint-Martin-de-Connée). C’est alors qu’elle passera avec succès son CAP d’institutrice au printemps de 1906. Comme Louise, mais par des détours, voilà donc Jeanne engagée sur la voie paternelle. Était-elle ravie d’exercer cette fonction ? On ne trouve nulle trace de plainte dans ses lettres. Pourtant, à peine diplômée, la jeune postière devenue institutrice démissionne de l’enseignement ; mais c’était pour se consacrer à l’entreprise naissante d’Alexis – qu’elle avait rencontré en avril. Venant d’être informée de ce choix, une de ses amies, Lucie, n’a pas manifesté de surprise : « Tu avais toujours désiré entrer dans le commerce », lui écrit-elle. Ni Jean-Baptiste ni sa femme Louise n’ont opposé la moindre difficulté au changement d’orientation de leur fille – ni à son mariage.
Jean-Baptiste et Louise Guillé au mariage de Jeanne en 1906
Jeanne ne cachait rien de la tendresse qu’elle vouait à ses parents, particulièrement à son père. Une lettre de Louise en mai 1917, un mois après la disparition de sa fille, en témoigne. Bien que son naturel ne la portât pas aux épanchements de sentiments, elle lâche dans un sanglot : « Jeanne, qui aimait tant son père »… Rapportons un touchant exemple de leur mutuelle affection. L’anecdote dépeint l’âme sensible qui frémissait au fond du cœur de ce "hussard de la sévérité" – selon l’expression par laquelle Ch. Péguy qualifiait les instituteurs de cette époque. Nous sommes le mercredi 27 juin 1906. En fin de journée, la jeune institutrice fait un saut de Viviers à Évron, en train. Comme chaque semaine. Mais cette fois-là, ce n’est pas tout à fait comme d’habitude : avec quelques jours de retard, sa petite famille va lui souhaiter bonne fête, ainsi qu’à Jean-Baptiste. Il fait très beau, et même très chaud. C’est pourquoi une inquiétude la tenaille pendant le trajet : avec cette canicule, dans quel état trouvera-t-elle son père, qui pourrait se sentir fort mal… ? À la gare, sa jeune sœur Louise l’attend. Aussitôt questionnée, mais connaissant la sensibilité de sa sœur, Louise lui confirme évasivement que leur père est « un peu souffrant ». On presse le pas. Sur le chemin, Jeanne croise un ami de la famille, M. Rousseau, qui lui assène brutalement que Jean-Baptiste est « bien malade ». Émoi, panique, course vers la maison. En entrant, elle le découvre cloué à son fauteuil, presque inerte, sans forces, et suffoquant. « Il lui est impossible de pouvoir parler », constate-t-elle. Il avait fallu appeler le médecin dans la journée. « Le docteur a ordonné de mettre deux mouches aux tempes pour détourner la congestion ». Angoisse. « Je suis redevenue la petite sensitive », confesse-t-elle. Pourtant, des larmes de joie vont vite recouvrir son accablement : un petit paquet l’attendait, envoyé le jour de la saint Jean, de Renazé à Évron, par Alexis. Elle l’ouvre fébrilement devant son père. La jeune amoureuse y découvre des alliances pour qu’elle en choisisse une à sa taille en vue du mariage. Tandis qu’elle est aux anges, elle croise le regard du malade. Dans les yeux humides de son « petit père », elle lit toute la joie qu’il éprouve au bonheur de sa fille ; pourtant, son émotion ne peut que rester douloureusement muette. Cruel silence… Mais Jeanne ajoute : « Il n’était plus le même après. Cela me fit tout oublier. Vous seul remplissiez tout mon cœur », avoue-t-elle à son fiancé. Toutefois, le lendemain soir, à son retour dans son petit logement, Jeanne a mis du temps, beaucoup de temps à rédiger ce récit. Rien à faire : “la petite sensitive” ne parvenait pas à retenir ses larmes.
Les 2 enfants de Jean-Baptiste & Louise Guillé :
Jeanne, née à Saint-Martin-de-Connée le 01/04/1884, décédée le 13/04/1917 à Gacé (Orne).
Mariée à Évron le 07/08/1906 avec Alexis Bienvenu (18/12/1880 – 14/05/1959).
Louise, née à Saint-Martin-de-Connée le 17/10/1885, décédée le 03/12/1982 à Château-Gontier. Mariée à Évron le 20/08/1907 avec Michel Lamy (17/07/1885 – 20/08/1918).
Il sera abondamment question de Louise dans la page consacrée principalement à Michel, son mari.